« Je respons ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sçay bien ce que je fuis, mais non pas ce que je cerche. » (Montaigne, Essais, 1580)
La marche à pied, la charrette, l’auto, la gare et plus tard l’aéroport, constituent, pour les nomades sédentarisés de force, des plates-formes pour se rendre ailleurs, le voyage conduisant à la découverte du monde en passant par la découverte de soi.
Le mot vient du latin viaticum, « ce qui sert à faire la route », dérivé de via « voie, chemin. » En français, il est relevé dès 1080 sous la forme veiage, puis veage, voiage et viage, acceptions qui se maintiennent parmi des variantes locales, voyeg en wallon, viaige en bourguignon, vioge en mâconnais, viâge en normand, viatge en provençal. Sa graphie actuelle est attestée au 15e siècle.
Au Moyen Âge, il signifie d’abord « chemin à parcourir », spécialement « pèlerinage » et « croisade. » Puis il prend son sens usuel de déplacement que l’on fait généralement sur une longue distance, hors de son domicile habituel, considéré en fonction de la nécessité que l’on a de se rendre dans un lieu déterminé : voyage en diligence, voyage en voiture, voyage par avion, par mer, par train, voyage aller-retour, voyage au long cours, traversée maritime effectuée sans s’écarter des côtes, fatigue du voyage, frais de voyage. Le déplacement que l’on fait dans un but généralement politique, économique, scientifique, culturel : voyages de Magellan, voyages de Christophe Colomb, voyages de Cook, Relations (de voyage) des Jésuites, voyage d’études, voyage d’affaires, voyage dans l’espace, voyage officiel. Ce qui est lié au déplacement fait par des particuliers dans un but d’agrément, de loisir, de dépaysement, de découverte : voyage en famille, voyage de tourisme, voyage en bateau, synonyme de croisière, voyage scolaire, proposé à des élèves pour clôturer une année d’études, voyage de noces, compagnon de voyage, préparatifs de voyage, trousse de voyage, agence de voyages, club de voyage, voyage organisé, chèque de voyage, amour de voyage, fatigue du voyage. Traduction de l’anglais trip, il décrit l’état provoqué par l’absorption d’hallucinogènes : voyage à l’acide. Au Québec, le mot, synonyme de chargement, désigne la quantité de marchandises transportées en une fois : trois voyages de sable.
La formule de souhait bon voyage! s’emploie aussi au figuré ou ironiquement pour « bon débarras ». Il se dit en parlant du passage de la vie à l’autre monde : faire le grand voyage, « mourir. » Ça vaut le voyage indique qu’un lieu suscite de l’intérêt, qu’il mérite qu’on s’y rende. La locution-phrase les voyages forment la jeunesse décrit le « rite de passage » et de socialisation que provoquent les premiers grands voyages, effectués seul ou en bande, à l’entrée dans l’âge adulte, et qui permettent aux jeunes de découvrir le monde, d’aller à la rencontre des autres et de conquérir leur autonomie.
Les dérivés et composés sont voyager, voyageur, voyageuse, voyagiste, voyageage ou voyagement au Canada français, « allées et venues », voyageable, voyage éclair, séjour, visite de courte durée dans un endroit précis. commis-voyageur, pigeon voyageur.
Devoir
D’autres mots français que voyage décrivent le fait de se déplacer sans toujours s’éloigner beaucoup de chez soi. Trouvez-en quatre d’après leur définition.
Voyage d’exploration dans un pays difficilement accessible. | Exp _ _ _ _ _ _ _ |
Voyage de grande envergure comportant plusieurs étapes diverses. | Pér _ _ _ _ |
Petite promenade. | T _ _ _ |
Parcours entre un point et un autre. | Tra _ _ _ |
Réponse
Voyage d’exploration dans un pays difficilement accessible. | Expédition |
Voyage de grande envergure comportant plusieurs étapes diverses. | Périple |
Petite promenade. | Tour |
Parcours entre un point et un autre. | Trajet |
Mots auxquels on pourrait ajouter balade, circuit, escapade, excursion, incursion, navette, odyssée, promenade, randonnée, séjour, tournée, traversée.